Les années 60 ont révélé les preuves du changement climatique. Rapidement mises au courant, les compagnies impliquées se sont efforcées d’en cacher les preuves, d’empêcher l’émergence d’un savoir sur la question, de taire ses conséquences sur l’environnement et les communautés. Elles ont utilisé le changement climatique pour engranger du profit, s’appuyant sur de fausses solutions énergétiques prônées par de faux experts.
Lors de la révélation du changement climatique et de ses dangers, le dicton “nulla poena sine lege” s’appliquait alors parfaitement, puisque aucune loi au sens occidental du terme n’avait été promulgué. Toutefois, il a toujours existé, dans le monde, des structures de connaissances traditionnelles qui interdisent l’utilisation de la Nature pour le profit humain. Aujourd’hui, les conséquences du changement climatique et sa qualité de plus grosse crise jamais connue ne sont plus à démontrer : millions de personnes déplacées, effondrement de sociétés… Le plus pernicieux est sans doute que les plus impactés sont les personnes tentant de résoudre le problème, et non pas ceux l’ayant causé.
La fracturation hydraulique (fracking) en Argentine et ses conséquences sur les Mapuche
Présenté par Enrique Viale, avocat environnemental.
Le fracking est une technique d’extraction du pétrole : on injecte une énorme quantité d’eau et de produits chimiques dans la roche afin de la fracturer plus aisément. Utilisée dès les années 50, elle a fait l’objet d’une véritable ruée vers l’or qui a concerné particulièrement les Etats-Unis, la Chine, et l’Argentine. Ce dernier a inauguré sa plus grande mine en 2012.
En Argentine, l’opposition au fracking est très tenue. La communication présente en effet cette technique comme merveilleuse et sans danger. Le but est d’extraire le pétrole d’un endroit que l’on ne pouvait pas atteindre auparavant : cela cause naturellement beaucoup de dommages, et un changement dans la législation du travail et environnemental a été nécessaire. Près de 1000 champs sont exploités dans le pays. La première compagnie y fut Chevron.
A part la Terre, les plus touchés sont les Mapuche. Peuple traditionnel de Patagonie, ils furent victimes d’un véritable génocide (la campagne du désert). Assassinés, déplacés de leurs terres ancestrales, de nouveaux déplacés pour exploiter leurs territoires en fracking, ils sont vus comme des terroristes. Des campagnes racistes et discriminatoires les montrant comme des primitifs sont étalées dans tout le pays. Le cas le plus symbolique est celui de Santiago Maldonado, disparu lors d’une descente des forces militaires. Actuellement mobilisés contre Benetton, ils ne récoltent que oppression et menaces.
Les dommages du fracking ne sont plus à prouver : forages jusqu’à 4000 mètres de profondeur, contamination des rivières, pollution de terres fertiles, occupation de 500 kms² de territoires… En retour ? $1 milliard de subventions par an. Ici, seulement deux bénéficiaires de cette situation : les entreprises… et les hommes politiques.
Énergies fossiles aux Etats-Unis : l’exemple du NAFTA
Présenté par Ben Beachy, directeur des programmes d’échange du Sierra Club
Aux Etats-Unis, la majorité de la population croit en la réalité du changement climatique et les ⅔ se sentent concernés par la manière dont cela va les affecter,. Malgré l’élection de Donald Trump, célèbre climato-sceptique, 75% de ses votants pensent qu’il faut augmenter les sources d’énergies renouvelables.
Les chiffres sont rassurants, la réalité l’est beaucoup moins. Depuis 2010, l’utilisation du charbon, s’il a baissé, a été remplacé au ⅔ par le gaz. La consommation de pétrole a augmenté dans les transports, celle de gaz dans l’électricité. L’importation de ces deux énergies a doublé depuis 2010. En tout, ce sont 9 millions de personnes qui vivent à 1 mile ou moins d’un site de fracking.
Lutter contre la dépendance américaine aux énergies fossiles est extrêmement difficile. EN 2016, les compagnies pétrolières et gazières ont versé $170 millions aux candidats présidentiels. Pour $1 dépensé par les acteurs mobilisés contre le changement climatique, les entreprises polluantes en dépensent $23 !
Ces dernières ont des adeptes jusque dans le gouvernement : le Secrétaire d’Etat et celui au commerce viennent de ce milieu, par exemple. Pire, Scott Pruitt, l’administrateur de l’Environmental Protection Agency, est un grand champion du fracking et s’est plusieurs fois positionné en faveur des énergies fossiles. Alors qu’il était procureur général en Oklahoma, il a 14 fois poursuivi en justice l’administration Obama afin de bloquer des régulations environnementales.
Afin de maintenir leurs bénéfices par le biais d’accords commerciaux, les entreprises établissent des règles qui acquièrent la qualité de lois domestiques, contraignant ainsi le gouvernement, sans qu’aucun représentant de la société civile n’ait été présent lors de la discussion et la signature.
Le plus parlant est l’exemple du NAFTA, qui force le Canada à exporter une certaine quantité de son pétrole et de son gaz vers les USA. Lorsqu’il a voulu instaurer des réglementations sur le fracking, il a été poursuivi en justice par des entreprises américaines, malgré une flagrante violation de sa souveraineté nationale. Le NAFTA est actuellement en discussion, et tout semble indiquer que ces dispositions, uniquement contraignantes actuellement pour le Canada, le deviendront bientôt pour le Mexique, alors même que le pays tente de sortir du fracking.
Au Congrès, au sein des compagnies publiques, beaucoup de personnes parlent en faveur des compagnies gazières et pétrolières. Les plus modérés se contentent de s’en tenir au statu quo. C’est au niveau des villes que l’on voit une certaine résistance : des dizaines de municipalités, d’Etats ont pris la décision d’interdire les énergies fossiles.
Le nucléaire et les conséquences du plutonium
Présenté par Rheinhard Uhrig, directeur de campagne de Global 2000
30 pays utilisent actuellement le nucléaire, mais ses conséquences s’observent bien en dehors de ce cercle, qui engendre trois grands types de pollutions :
Une fois par an, l’énergie nucléaire est remplacée, relâchant ainsi des toxiques dans l’environnement.
La deuxième pollution est les déchets nucléaires. Ce sont des résidus solides que l’on retrouve après la dissolution de l’uranium et du plutonium dans de l’acide sulfurique chaud. Ces déchets émettent un rayonnement radioactif pendant parfois des centaines d’années. Par exemple, l’uranium répartit la moitié de sa radioactivité sur 120 000 ans. Il met donc 240 000 ans à devenir non radioactif.
Enfin, d’énormes quantités d’isotopes sont relâchées dans l’eau et l’atmosphère, exposant ainsi les humains et les écosystèmes à des doses radioactives qui peuvent causer des changements dans la structure cellulaire, accompagnés de caractères mutagènes et cancérogènes. Les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl, en 1986, s’observent encore aujourd’hui. On recense environ 40 000 cas de cancers mortels, touchant en priorité les travailleurs du site et les enfants.
Les opérateurs sont les responsables financiers. Il n’est pas justifiable de les sauver financièrement, mais de ne pas sauver la planète. Le remède doit venir des êtres humains : nous avons amené cette destruction. Nous en sommes donc responsables.
Violations et demandes
Les compagnies d’énergies fossiles et nucléaires sont accusées, en violation flagrante de l’article 2 de la Déclaration universelle des Droits de la Nature, :
- d’avoir causé volontairement et du fait de leur négligence le changement climatique
- d’avoir empêché l’opinion publique de prendre connaissance de leurs actions et conséquences
- d’avoir empêché l’émergence de solutions réelles et poussé en avant de fausses
Les demandes sont :
- la destruction des entités légales constituant ces compagnies
- l’utilisation de leurs ressources financières et des personnes en charge de ces compagnies à la réparation et la compensation des dommages causés.
Marie De França