L’idée de considérer la Nature comme sujet de droit, constitue de moins en moins une utopie et devient progressivement réalité, grâce à de nombreuses initiatives prises en ce sens à travers le monde.
Aujourd’hui le droit à un environnement sain, dont les ressources seraient prélevées de façon équitable et pérenne, doit être reconnu comme un droit inaliénable de l’humanité. Il conditionne son droit à l’eau, à l’alimentation, à l’habitat, à la santé, au respect de ses traditions, son droit à la vie tout simplement et son droit à la Paix.
Mais ce droit est indissociable de droits donnés à la nature elle-même afin de protéger efficacement les écosystèmes terrestres dont nous dépendons tous. L’idée de considérer la Nature comme sujet de droit, constitue de moins en moins une utopie et devient progressivement réalité tangible, grâce à de nombreuses initiatives prises en ce sens à travers le monde.Ce qui semblait être un rêve irréel est devenu en l’espace de quelques années une nécessité absolue.
Lorsqu’en 2008, l’Equateur introduit dans sa Constitution la notion juridique de “droits de la nature” (art. 71*), son initiative semble aussi insignifiante à l’échelle du monde, qu’une goutte d’eau à celle d’un océan. Elle a pourtant inspirée une évolution notable des consciences et a ouvert, pour la protection de l’environnement, de nouveaux horizons juridiques.
L’initiative équatorienne a été immédiatement suivis par la conférence de Cochabamba en Bolivie (2010)*, au cours de laquelle les droits de la Terre-Mère ,ou “Pachamama”, la déesse de la fertilité révérée par les peuples indigènes andins, ont fait l’objet d’une déclaration qui reçut rapidement le soutient de nombreuses organisations internationales et de personnalités mondiales, comme Vandana Shiva.
Inspirée des croyances polythéistes et anthropomorphiques des peuples indigènes, la notion de Terre-Mère permet de promouvoir une certaine conception des rapports à la Nature intimement liée au devenir de l’espèce humaine.
Bien qu’intangible, cette approche a instigué des initiatives juridiques concrètes qui se sont multipliées à travers le monde où Droits de la Nature et le Droit de l’Homme à vivre dans un environnement sain et propre vont toujours de pair.
En effet, plusieurs cas d’écocides * ont démontré à quel point les êtres humains pouvaient être affectés par les dégâts occasionnés sur l’environnement. L’état actuel de la planète démontre l’urgence d’inscrire dans notre système un tel cadre juridique et économique.
A l’heure actuelle, les pressions exercées sur les écosystèmes et le déséquilibre écologiques et climatique mettent en péril la pérennité de toute l’espèce humaine. L’effondrement social et économique total des sociétés humaines n’est plus une vague prédiction mystique de Nostradamus; c’est un risque réel, dont la probabilité a fait l’objet de recherches scientifiques récentes au sein de plusieurs organisations respectées : GIEC, la NASA, Frank Fenner, Nature (* Note bas de page : lien des articles)
Face à l’urgence, de plus en plus de gouvernements, de groupements et d’ONG portent, sous une forme ou une autre, des projets de Déclaration des Droits de la Nature. Il nous incombe de supporter tous ceux qui ont le courage de contester les paradigmes, de remettre en cause les modèles et les systèmes d’un autre temps, pour assurer un meilleur avenir aux générations présentes et futures.
Chacun de nous peut devenir à son tour, par ses pratiques, ses actions, ou les initiatives qu’il soutient, une source d’inspiration pour d’autres. Soutenons et diffusons ces initiatives à travers le monde afin qu’elles deviennent une réalité.
Un cadre Juridique
A l’heure actuelle, l’application du droit environnemental est éclaté en de multiples juridictions internationales, régionales, nationales ou locales, et n’ayant compétence qu’à leur niveau, ou sur une zone géographique déterminée. Il faut à présent mettre en place des juridictions mondiales permettant de généraliser les sanctions, instruments essentiels pour instaurer une discipline en matière environnementale et climatique. Il y a deux moyens d’imposer une discipline pour tous :
1. Un droit international contraignant : Introduire dans le droit international la possibilité d’incriminer la responsabilité environnementale d’une multinationale vis à vis des pratiques de ses filiales à l’international, ainsi que celle d’un État vis à vis des pratiques de son administration ou de ses ressortissants.
2. Un tribunal habilité à juger et sanctionner les crimes environnementaux : Créer un tribunal international climatique sur le modèle de l’ORD, dans le cadre de l’ONU, et qui aurait pouvoir sur les États comme sur les grandes multinationales.L’élargissement des compétences de la Cour pénale internationale aux crimes en matière d’environnement pourrait permettre de poursuivre deux objectifs:
– Faire respecter au plan mondial les protocoles limitant les émissions de gaz à effet de serre.
– Faire appliquer le droit international ainsi développé dans les domaines de l’environnement.
End Ecocide
Comme son homologue à l’international “Eradicating Ecocide”*, cette initiative représente, enfin, une solution concrète pour encadrer les pratique des multinationales, protéger la biodiversité, replacer l’intérêt de tout un chacun au dessus des intérêts particuliers et préserver les générations futures. Plus de 135.000 citoyens européens ont voté pour ce projet de directive européenne qui permettrait de reconnaître le crime d’Ecocide. La pétition sera remise en Septembre aux députes européens.
Pour votez, vous aussi : https://www.endecocide.eu
Chartes de Bruxelles
Cette charte sera soumise à Ban Ki‐Moon, Secrétaire Géneral des Nations Unies en septembre. Les signatures sont collectées sur le site web. Vous êtes invités à faire circuler dans vos réseaux cet appel afin que les citoyens le signent en masse. L’appel est mondial. L’opportunité est unique.
https://iecc-tpie.org/
Tribunaux de type Russel
Tribunal des Consciences
A l’initiative d’Edgar Morin, le “Tribunal des consciences” sera chargé de “juger” les atteintes à l’environnement susceptibles d’avoir des “répercussions sanitaires, économiques, sociales et culturelles portant atteinte aux générations futures ».
https://www.tribunal-nature.org
Tribunal sur les droits de la Nature
A Quito, en Janvier 2014, un tribunal dirigé par Vandana Shiva et réunissant plus de 60 leaders mondiaux, examina 8 désastres environnementaux pour déterminer s’ils pourraient faire l’objet d’une accusation d’écocide au sein d’un Tribunal dédié.
https://www.pachamama.org/
OXFAM
Une série de « Climate hearings » (Les auditions du climat) a donné l’occasion aux victimes du changement climatique de faire entendre leur voix à l’échelle locale, nationale et internationale.
Oxfam a impliqué plus de 1,6 millions de personnes dans plus de 36 pays
Mock trial
Un procès fictif, à l’encontre des entreprises responsables du désastre environnemental des sables replica horloges bitumineux de l’Athabasca s’est tenu au Tribunal suprême d’Angleterre et du Pays de Galles en 2011. Son réalisme juridique et son succès médiatique ont prouvé qu’une loi Ecocide pouvait fonctionner en pratique.
Textes Internationaux
Constitution de l’Equateur
Pour la première fois dans l’histoire la constitution d’un pays garantit les droits de la nature (Art 71 et 57). Loin de réduire celle-ci à un ensemble de ressources exploitables, elle déclare : «La nature, ou Pachamama, là ou la vie se réalise et se reproduit, a droit au respect de son existence, de même qu’au maintien et à la régénération de ses cycles vitaux, structures, fonctions et processus évolutifs».
Cochabamba
Avril 2010 : Conférence mondiale des peuples contre le changement climatique et les Droits de la Terre Mère, de Cochabamba, en Bolivie [2] a crée la Declaration Universelle des Droits de la Terre Mère.
Ce texte est issu de la coalition Pachamama / Global Alliance qui prend ses racines en Equateur.
World Charter for Nature
en 1982, Document juridiquement contraignant adopté par plus de 100 pays de l’Assemblée générale des Nations Unies, appelant les hommes à être guidés par un code moral de conduite qui préserve l’intégrité des écosystèmes et espèces avec lesquels ils coexistent. La Charte réglemente également les activités humaines selon les limites et les processus de la Terre, et le patrimoine commun et le principe de précaution.
Proposed Declaration on Planetary Boundaries
En 2011, Peter Roderick, juriste anglais a proposé une Declaration aux Nations Unies sur les limites planétaires qui reconnaitraient et respecteraient les processus vitaux du système terrestre soutenant toute forme de vie, et promouvoir la responsabilité pour la sauvegarde de ces processus de dommages graves ou irréversibles.
Quelques campagnes
Campagne Rights of mother earth
Campagne menée par par Pachamama et “Global Alliance for the rights of Nature”
pour l’adoption de la “Declaration universelle des droits de la Nature” issue de World People’s Conference on Climate Change à Cochabamba en Bolivie.
120,000 signatures obtenues https://www.thepetitionsite.com/1/yes-to-rights-of-nature/
Earth Law
ou Earth Jurisprudence portée par Gaia Foundation, crée par Thomas Berry et fondée sur les principes de la sagesse indigene : reconaissance des lois fondamentales qui regissent la terre auxquelles les humains doivent se soumettre.
Earth Charter
Charte adoptée par coalition d’organisations qui met en lumière le principe d’interdépendence et de responsabilité pour le respect des droits humains, l’utopie d’une économie équitable et stable, l’éradication de la pauvreté. Sans être juridiquement contraignants, les principes mis en avant sont cependant considérés universels.
Earth Alliance
Coalition de Juriste pour accélérer le développement et la mise en œuvre de lois et de systèmes de gouvernance qui reconnaissent l’interdépendance de toute forme de vie. Travail sur les textes afin d’en unifier les contenus et aboutir à une proposition qui puisse être realiste.
Les incontournables
Earth Aliance
Coalition de Juriste pour accélérer le développement et la mise en œuvre de lois et de systèmes de gouvernance qui reconnaissent l’interdépendance de toute forme de vie. Travail sur les textes afin d’en unifier les contenus et aboutir à une proposition qui puisse être realiste.
Global Aliance for the rights of Nature
Coalition issue de Cochabamba et Pachamama qui mène la campagne “Rights of Mother Earth campaign” et effectue un lobby international sur la question des droits de la nature.
Tribunal des Generations futures de la gaité lyrique
le Tribunal consacre chaque édition à un thème crucial pour l’avenir. Il convoque un accusé, des témoins, un avocat, un procureur et un jury tiré au sort parmi le public. Une forme ludique qui reprend les codes d’un procès d’assises et permet d’aborder les enjeux d’avenir sous un angle à la fois philosophique et très concret.
Liens et références
Bientôt, une nouvelle ICE sur les droits de la nature https://www.wholistic-law.org/ Cartographie des droits de la nature : https://www.gaiafoundation.org/earth-law-network- S.A. : Constitution Equateur : Déclaration Universelle des Droits de la Nature au Bien Vivre (Buen Vivir)
Pour la première fois dans l’histoire, peut-être, la constitution d’un pays garantit les droits de la nature. Loin de réduire celle-ci à un ensemble de ressources exploitables, l’article 71 déclare : « La nature, ou Pachamama, là ou la vie se réalise et se reproduit, a droit au respect de son existence, de même qu’au maintien et à la régénération de ses cycles vitaux, structures, fonctions et processus évolutifs ». Les ressources naturelles non renouvelables (hydrocarbures, biodiversité, eau douce) sont définies comme « secteur stratégique » du pays et contrôlées par l’État. L’article 57: reconnaît les formes d’économie des peuples et nationalités indigènes et exige « le respect et la promotion de leurs pratiques relativement à la biodiversité et à leur environnement naturel ».Ces communautés et peuples ont le droit à la « propriété des terres sur lesquelles ils vivent » et à « participer aux décisions relatives à l’usage, l’usufruit, l’administration et la conservation des ressources naturelles renouvelables qui s’y trouvent ». Des mécanismes de consultation s’ajoutent dans le cas de l’exploitation des ressources non renouvelables situées sur leurs terres.
- GLOBAL : Déclaration Universelle des Droits de la Terre (Cochabamba)
https://www.rightsofmotherearth.com/declaration/droits-de-la-terre-mere/
Etat de la planète : Rapports scientifiques
- Un Rapport Alarmiste du GIEC
lire aussi le 1er volet du rapport: https://www.lemonde.fr/planete/article/2013/09/27/rechauffement-climatique-les-experts-du-giec-aggravent-leur-diagnostic_3485857_3244.html
2nd volet : https://www.lemonde.fr/planete/article/2014/03/31/nouveau-rapport-alarmiste-du-giec-sur-le-rechauffement-climatique_4392565_3244.html
3eme volet: https://www.lemonde.fr/planete/article/2014/04/14/rechauffement-les-dix-points-marquants-du-rapport-du-giec_4399907_3244.html
- NASA
- THE AUSTRALIAN / FRANK FENNER
- EARTH SHIFT / Nature