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Le village Kali’na AT’OPO W+P+ VS CEOG : un conflit de Guyane française

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Le village de Prospérité, AT’OPO W+P+, est un village amérindien Kali’na exemplaire de Guyane Française, installé depuis plus de 30 ans à quelques kilomètres de la ville Saint Laurent du Maroni.

De tout le territoire Guyanais, le village de Prospérité est l’un des rares villages autochtones à développer une dynamique collective d’auto-suffisance, incluant la chasse, la pêche, la médecine traditionnelle, couplée à une dynamique de réappropriation de leur culture (pratiques traditionnelles de chants, danse, tenues), qu’ils mettent en place au sein de leur association du village AT’OPO W+P+.

Cependant, depuis 2019, leur mode de vie est menacé : l’Etat français a attribué 140 hectares de la forêt attenant à leur village à une entreprise française pour y construire une centrale électrique.


Le projet de la Centrale Electrique de l’Ouest Guyanais – CEOG


Le projet CEOG, tenu par la compagnie HDF Energie, avec le fond d’investissement MERIDIAM, privatise 140 hectares de forêt séparant la ZDUC et la concession attribuée au village de Prospérité, ainsi que l’accès à leur crique (rivière) d’usage (Crique Sainte Anne).

L’emplacement de cette centrale va impacter considérablement le mode de vie des villageois en les privant de leur relation avec la forêt, de leur mode subsistance traditionnel et brisant la dynamique communautaire actuelle. 

Le projet prévoit la destruction totale de plus de 100 hectares de forêt tropicale emportant avec elle pas moins de 150 espèces protégées référencées.

Carte de la commission d’attribution foncière du 16 novembre 2020, Préfet de la Guyane

Aujourd’hui (février 2024), 77 hectares de forêt sont rasés, mais HDF/MERIDIAM/CEOG doivent reprendre de leurs actes devant la justice, et le combat n’est pas perdu. Le village ne cède pas : l’enjeu est toujours d’empêcher l’artificialisation des sols, une pollution par ruissellement de la Crique Sainte Anne et d’avoir dans vingts ans une forêt de repousse et non une friche industrielle.

Une lutte acharnée



Depuis le lancement de ce projet, l’association du village “At’opo W+P+” s’est mobilisé contre l’emplacement de la CEOG, en fédérant de nombreuses associations locales, dont Mayouris Nature, la Jeunesse Autochtone Guyanaise, le Grand Conseil Coutumiers, et bien plus,ainsi que nationales. Sur le terrain, des actions ont été menées successivement, entre les actions juridiques, l’occupation des terres, les manifestations et blocages…

Plusieurs plaintes et recours judiciaires ont été déposés à la préfecture de Cayenne classées sans suite. Des rassemblements de plus en plus importants se sont organisés afin d’occuper la forêt, empêcher les avancées des tronçonneuses de  la CEOG, et démonter les nouvelles installations. 

Des routes de l’Ouest Guyanais, mais aussi à Cayenne ont été bloquées par les communautés Kali’na et les associations. De multiples prises de paroles ont été organisées en Guyane et en métropole.

Une délégation composée du chef coutumier et des porte-parole du mouvement s’est rendue à Paris pour faire entendre les droits des peuples autochtones de Guyane. Le village a reçu des personnalités publiques, dont Jean-Luc Mélenchon, Thomas Brail et autres activistes reconnus, venus soutenir la voix autochtone.

Dans ce bras de fer, l’État français a porté de multiples atteintes aux droits des peuples autochtones, dont le comble a été la perquisition et la mise en garde à vue du chef coutumier du village, Yopoto Rolland Sjabere, acte ou l’etat a dénigré la représentation la plus élevée de l’autorité coutumière.

A ce jour, se cumulent plus de 10 gardes-vues incluant des mineurs, 4 procès en cours d’instruction, 5 dépôt de plaintes dont un recours judiciaire… Malgré cette lutte acharnée, la construction de la centrale se poursuit et ce sont plus de trois quarts de la parcelle forestière qui ont été détruits.

Notre engagement


Tout au long de l’année, les équipes de NatureRights, présentes sur le terrain, ont répondu à l’appel du village et se sont mobilisées par différents biais d’actions. Ainsi, sur le terrain, les membres de NR ont participé aux multiples mobilisations, et aux occupations de la zone menacée. L’un des salariés a été porté en garde-vue, jugé, pour au final être relaxée tant cette poursuite était infondée.


A l’échelle nationale, NR a accompagné l’association dans la diffusion du plaidoyer, relayé la campagne, et co-organisé les déplacements des délégations.

Parallèlement, l’association accompagne le village dans sa dynamique d’autonomisation par la création d’un abattis pédagogique en partenariat avec l’école du village Pierre Thérèse dans le cadre du programme Savoir de la Forêt.

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