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Yorenka Atamé – Apiwtxa / Ashaninka

3. Peuples Autochtones, 6. Projets terrain| Views: 1084

Le peuple Ashaninka est un des peuples autochtones les plus étendus d’Amérique du sud. Descendants directs des Incas, ils vivent le long de la frontière entre le Brésil et le Pérou. D’un côté comme de l’autre, leur histoire est celle de luttes contre l’assimilation forcée et la destruction de leurs territoires et leur identité culturelle.

Benki Piyãko, fils du Cacique, joue dès son plus jeune âge un rôle central dans la communauté “Apiwtxa”. Il participe aux côtés de son père et de ses frères à une résistance pacifique face à la progression du front pionnier amazonien.

En 92, Benki quitte sa terre pour la première fois afin de se rendre à Eco92 à Rio, où il y prend la parole au nom des peuples autochtones. Choqué par l’état de destruction de la nature hors de ses terres, il s’engage dans un combat sans précédent pour assurer la protection de son peuple, de son territoire et l’éducation des populations environnantes.

Depuis, Benki participe activement aux projets des peuples indigènes alliant les axes politique, écologique, culturel et spirituel. En développant des centres pédagogiques pour l’éducation des populations environnantes, il oeuvre notamment à la défense de leurs territoires, à la préservation des écosystèmes et à la restitution des savoirs traditionnels.

Prix national brésilien pour la défense des droits de l’homme, Benki a renforcé la capacité du peuple Ashaninka à défendre son territoire et à restaurer son écosystème en effectuant un retour aux savoirs traditionnels. Fort de cette expérience, Benki a mis en oeuvre dans l’Etat de l’Acre un nouveau modèle de gestion des terres, aujourd’hui reconnu au niveau gouvernemental, qui responsabilise les populations traditionnelles indigènes et non indigènes au Brésil et au Pérou.

L’école “Yorenka Atame” (Savoirs de la forêt)

En 2007 est créé le Centre Yorenka ATAME, les “savoirs de la Forêt” dans la municipalité de Maréchal Thaumaturgo, un centre d’échanges de savoirs et d’éducation des populations voisines, qui a pour de produire, enregistrer et diffuser des pratiques de gestion durable des ressources naturelles fondées sur les expériences traditionnelles indigènes.

Avec le soutien de la Commission Pro-Indio, centre Yorenka Atame a développé une formation d’agents agroforestiers destinée à élaborer et mettre en pratique des méthodes de conservation et de développement durable basées sur les savoirs traditionnels.

Ce rôle d’agent agro-forestier est basé sur des méthodologies participatives et communautaires et permet d’appréhender toute la chaine éco systémique:

  • reconnaissance et collecte de semences
  • apprentissage des différentes espèces d’un point de vue physique, culturel, nutritionnel, spirituel, médicinal
  • protection des terres et des eaux
  • critères de choix espèces (150 espèces étudiées)

Une fois formés, les agents agroforestiers communautaires ont pour fonction d’éduquer les peuples autochtones aux pratiques de gestion des forêts qui leur permettent de bénéficier de l’utilisation durable de leurs ressources naturelles. Ils peuvent également les représenter et de les défendre contre les intérêts extérieurs. Parce qu’ils travaillent avec les communautés sur une base individuelle, les agents promeuvent des stratégies adaptées, qui sont culturellement et écologiquement appropriées à chaque communauté.

En outre, le vaste réseau des agents agro-forestiers leur permet de partager des techniques et connaissances propres à chaque peuple, et fournit une plate-forme commune pour influencer les politiques publiques en matière de gestion des terres indigènes.

Les professeurs Ashaninka transmettent leurs connaissances dans différents domaines (agroforesterie, économie, sciences, céramique, histoire,…) aux communautés sur la base d’un fonctionnement communautaire: éducation gratuite contre participation aux activités de la communauté.

Yorenka Antame

Bilan

Ces dernières années, Yorenka Atamé a ainsi formé une quarantaine de communautés à ses systèmes d’agroforesterie, bénéficiant à une centaine de communautés, soit des dizaines de milliers de personnes. L’école a géré la  plantation de presque 1.000.000 d’arbres de grande taille provenant de 160 espèces, pour laquelle des centaines de jeunes ont contribué au travail de reforestation.

Ils ont récolté près d’une tonne de graines sur leurs terres pour les offrir à d’autres communautés natives.

Les agents sont reconnus par l’État de l’Acre en tant qu’employés du gouvernement, et Benki travaille maintenant à reproduire cette approche avec les communautés non indigènes (cf Beija Flor) et dans d’autres Etats amazoniens.

Reconnu par toutes les tribus de la région transfrontalière, l’école Yorenka ATAME promeut désormais un vaste plan de gestion environnementale du bassin du Haut-Juruá.

Le centre Beija-Flor

Beija Flor

Dans le cadre de son nouveau projet ““Sonho do Beija-Flor no Raio do Sol” (Rêve de colibris dans un rayon de soleil)”, Benki travaille avec les communautés non indigènes en formant les jeunes leaders aux pratiques durables inhérentes aux savoirs ancestraux, enforcées des valeurs indigènes de préservation de la nature.

Le centre est un centre de formation multidisciplinaire destiné aux populations non indigènes. Le Centre mettra l’accent sur l’organisation, la formation et l’autonomisation de jeunes leaders communautaires pour répandre des pratiques autonomes de gestion des ressources naturelles et de développement durable associées aux traditions indigènes.

La construction du centre “Sonho do Beija-Flor no Raio de Sol” a commencé en Décembre2011 avec une quinzaine de jeunes bénévoles. La surface pour la création du centre s’étend sur environ 100 hectares. Sur cet emplacement est construit un temple pour la pratique de la médecine traditionnelle, des
rituels et activités culturelles. Autour, huit petites maisons sont construites pour héberger les participants. Les éco-bâtiments sont construits en bois avec une couverture végétale en paille, et contiendront des systèmes de traitement des eaux, des déchets et des eaux usées. Une petite production agricole (manioc, maïs, citrouille…) et animale (poules, tortues, poissons, abeilles natives…) est développée de manière intégrée au complexe, , ainsi qu’un étang pour l’élevage de poissons permettant la pisciculture.

Actuellement en cours de développement, le centre a besoin de connaître des améliorations structurelles comme l’accès à l’eau, à l’électricité. Il reste en outre à équiper le centre avec du mobilier, du matériel de télécommunication et du matériel agricole.

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